Depuis plusieurs années, je réfléchis à comment aider mes élèves de cycle 3 à écrire des textes longs.
Je partage avec vous une démarche pédagogique que j'utilise en classe qui est un processus avec différentes étapes. Rien d'exceptionnel me direz-vous...
Ce qui est différent, c'est le rôle et la place que j'accorde à l'oral dans la production écrite.
Voici un visuel qui résume ma façon de faire et qui d'un coup d’œil vous permet de comprendre:
Étape 1: Connexion émotionnelle forte
Cela fait plusieurs années que j'explore cette piste.
Est-ce qu'une connexion émotionnelle forte est nécessaire pour écrire un texte? Je ne sais pas.
Quand il y a une connexion émotionnelle forte, je trouve que cela facilite l’intérêt, l'investissement et la motivation des élèves.
Pour moi, une connexion émotionnelle forte cela veut dire que les élèves ont vécu un événement en lien avec le sujet qui a suscité de fortes émotions en eux (comme adorer ou détester).
Cette année, avec mes élèves, nous avons travailler sur un projet Sciences d'envergure en lien avec les bateaux. Les enfants ont adoré construire leurs bateaux. En parallèle, nous avions lu un roman policier et parlé des caractéristiques de ce genre de roman. Je leur ai donc proposé d'écrire une histoire criminelle qui devait se passer sur un bateau. Ils étaient à fond!
Étape 2: Organiser ses idées
J'oblige mes élèves à organiser leurs idées car cela permet de travailler la logique du récit. Ils sont obligés de répondre de façon claire et précise aux questions:
Feedback : C'est au cours de cette étape qu'un autre enfant de la classe fait un premier retour à l'auteur de la carte mentale. Maintenant, les enfants savent que faire un retour à quelqu'un cela veut dire commencer par quelque chose de positif et ensuite faire 1 remarque constructive sur un point à améliorer en essayant d'expliquer clairement ce qui doit être amélioré et pourquoi.
Étape 3: Enregistrer son histoire à l'oral
Le point de départ pour cette étape a été cette image partagée par @FredericCanadas (Merci à lui)
Source: https://slideplayer.fr/slide/452793/
Cette image montre que qu'il y a une chronologie dans les compétences linguistiques:
1. Il faut comprendre un message oral
2. Il faut produire un message oral.
3. Il faut comprendre un message écrit.
4. Il faut produire un message écrit.
Si je voulais aider mes élèves, dont le français n'est pas la langue maternelle à produire des textes de qualité, il fallait d'abord que je leur permette de produire des histoires à l'oral.
C'est exactement ce que j'ai fait avec l'aide de l'application Seesaw.
J'ai la chance de pouvoir utiliser l'application Seesaw dans ma classe, elle permet à chaque enfant de s'enregistrer sur son compte personnel.
Les enfants, à l'oral, racontent leur histoire. Voici un exemple:
Feedback: J'écoute leurs enregistrements et je leur fait un retour sur la cohérence de leur récit.
C'est très important de les réguler à ce stade là, car certains d'entre eux commencent très bien mais finissent leur histoire de façon extravagante ou ajoutent des personnages qui n'ont jamais été introduits dans la carte mentale.
Étape 4: Faire le travail d'un scribe
J'adore quand le numérique facilite la vie de mes élèves.
A ce stade, nous utilisons GoogleDoc. Ils ont chacun leur GoogleDoc.
En haut de leur document, j'ai collé le lien vers leur enregistrement Seesaw. Ils ont donc accès à leur histoire.
Pour écrire la trame de leur histoire, ils doivent simplement écouter et retranscrire ce qu'ils ont dit. Super simple et efficace.
Feedback: Une fois de plus, je fais mon travail de régulation mais cette fois je me concentre sur l'orthographe de leur texte. Je souligne, je remplace des sujets par des pronoms...
Ils doivent corriger (avec l'aide d'un adulte si besoin) mais ils n'ont pas le droit d'effacer les mots soulignés car cela me permet de voir tout de suite s'ils ont corrigé correctement.
Étape 5: Ajouter des détails
Maintenant que nous avons une trame solide, on s'amuse un peu en dessinant nos personnages. Certains enfants aiment cette petite pause artistique.
Et ils ajoutent leurs dessins dans leur GoogleDoc pour l'avoir à disposition.
Je leur dis, la première fois que tu parles de ton personnage, tu fais sa description.
On enrichit notre production par petites touches, c'est moins stressant et surtout très gratifiant car ils voient leur texte s'allonger chaque jour.
Ensuite, ils doivent ajouter du dialogue entre les personnages.
Puis, ils doivent décrire le lieu.
Enfin, ils doivent faire attention aux connecteurs logiques utilisés.
Dans leur GDoc, j'ai aussi mis à leur disposition cette check-list. Pour les aider à garder le bon cap. Ils savent que c'est ce que je vais rechercher dans leur productions, c'est l'évaluation de leur expression écrite.
Feedback 1 : Quand, ils pensent avoir terminé, je fais une dernière relecture pour vérifier l'orthographe une dernière fois.
Feedback 2 : Viens enfin le moment du dernier retour, C'est ton copain qui va lire ton histoire.
Étape 6: Bravo, tu as réussi à écrire un texte long.
Tu peux être très fier(e) de toi!!!
Effectivement, les enfants sont très fiers d'eux et du travail accompli.
La production d'un élève
J'ai particulièrement aimé dissocier les étapes de la cohérence du récit, de la correction orthographique et de l'enrichissement du texte par simple ajout.
Cela m'a permis d'accompagner au plus près tous mes élèves.
REMARQUES
Remarque 1: J'ai été surprise de voir que certains élèves ne prennent vraiment pas de plaisir à écrire et que cela se ressent dans leurs productions.Remarque 2: Nous avons fourni 3 semaines de travail pour terminer les productions de classe. Ce n'est pas très long.
Remarque 3: Oui, cela prend toujours autant de temps de corriger l'orthographe dans les textes!
Remarque 4: La majorité des élèves a écrit un texte tapé d'une page (Police Arial 12). Certains ont été capables de produire 3/4 pages de texte.
Merci à Flaticon pour l'image qui me sert d'icône.
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